Nous avons posé quelques questions à Anne-Marie afin qu’elle puisse nous faire découvrir un parcours professionnel particulièrement riche et varié.
Pourrais-tu nous résumer ton parcours professionnel ?
J’ai découvert les contrôles non destructifs à EDF il y a quarante ans. Embauchée à EDF en qualité de technicienne supérieure diplômée d’un DUT de Mesures Physiques. Au bout de 14 années je suis devenue cadre et experte en contrôle par ultrasons. J’ai fait partie de la 1ère promotion du parcours de formation ARCadre signé entre EDF et le CESI.
Puis j’ai créé deux entreprises. L’une en mon nom pour réaliser des expertises et l’autre plus générale qui proposait des formations ayant pour sujets de la fabrication de composants et l’expertise pour la chaine de fabricants du secteur nucléaire.
Durant cette période, j’ai prêté serment à la Cour d’Appel de Paris et suis devenue expert judiciaire. Ma 1ère expertise a duré presque 3 ans. C’était sur un très grand chantier où des malfaçons avaient été constatées. Comme le maitre d’ouvrage a arrêté le paiement, le maitre d’œuvre a déposé plainte au Tribunal de Commerce. Le juge n’étant pas expert technique, il mandate un expert avec des questions précises auxquels il doit répondre. Un de mes souvenirs les plus frappants concernant cette affaire est que j’ai dû gérer des kg de documents qui avaient été mis sous séquestre… De plus, l’ambiance entre les parties n’était pas des plus sereine !
Entre-temps j’ai déposé un dossier à la SNIPF qui certifie les compétences d’ingénieur. C’est l’un des trois dispositifs existant en France pour être reconnu comme ingénieur. J’ai même reçu, en 2022, la 1ere attestation Labellis qui permet de vérifier la non-falsification de mon certificat.
Dans un tout autre contexte, j’ai été sollicitée pour écrire un livre sur les contrôles non destructifs en centrale nucléaire et pour que cela soit vivant ,pour illustrer le texte, j’ai proposé à l’éditeur de l’enrichir avec mes expériences. Ce qu’il a bien volontiers accepté à la lecture de mes anecdotes.
Puis au bout de 14 ans, Vinci Energies m’a proposé un poste de responsable d’un service d’ingénierie ; ce que j’ai accepté pour une durée limitée à trois ans pour ne pas bloquer l’évolution des plus jeunes.
Depuis deux ans, je m’occupe d’Innovations au sein du pôle nucléaire de Vinci Energies et ainsi je continue à élargir mon scope technique.
Quelles ont été tes motivations pour créer deux entreprises ?
Avec cette expérience, j’avais envie de découvrir :
- de nouveaux univers comme par exemple le monde judiciaire avec les expertises demandées lors de l’instruction , le secteur naval et le secteur oil & gas.
- De nouvelles entreprises et leurs procédés de fabrication
- Travailler à l’international
de partager avec mes pairs, chefs d’entreprises, les réussites comme les échecs.
de pouvoir choisir mes formations.
de prendre le temps d’assister aux conférences/débats sur les thématiques du secteur industriel.
de proposer du temps comme bénévole pour des associations et confédérations professionnelles comme WIN France, Cofrend, FCE France , CJD mais également d’un point de vue personnel pour des associations humanitaires (mission au Burkina-Faso et Togo).
Quel bilan tires-tu de cette expérience ?
Ces différentes étapes de ma vie professionnelle m’ont apporté de nombreuses expériences très riches et variées (salariée, consultante, fondatrice et cheffe d’entreprise, formatrice, bénévole, experte…). Ce parcours me permet de répondre présente quand on me demande, par exemple, de mentorer des start-up comme le programme BigBooster de la Région Rhône-Alpes.
Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat ?
Mon premier conseil pour se lancer dans l’entreprenariat est de travailler sur sa promesse de valeur. Pour cela, se mettre dans la peau du client et répondre en deux phrases au maximum. à la question suivante : « Pourquoi faire appel à mon entreprise , en quoi mon offre et diffère-t-elle de celle de la concurrence ? » Puis les tester auprès de potentiels clients, sous-traitants, associations de chefs d’entreprise …
Je conseillerai également de se faire aider au maximum, aller chercher des subventions auprès des différents acteurs du Département et enfin se faire connaitre en candidatant à tous les prix de sa Région, de son Département…. Enfin aller aux formations proposées par les chambres de commerce et d’industrie (CCI) et adhérer à un syndicat professionnel ou à une association de Chefs d’entreprise. Demander à participer à une des réunions pour voir, comprendre et discuter avec ses pairs. Il faut en tester plusieurs car elles n’apportent toutes pas le même service.
Il est aussi nécessaire de rencontrer régulièrement son banquier et ne pas hésiter à faire appel à son avocat pour les premiers contrats, même si cela peut sembler excessif comme tarif, le retour est souvent bien supérieur à ce que cela vous aura couté. Surtout si c’est un produit ou service à haute valeur ajoutée.
Et enfin le dernier conseil, faire appel à des professionnels pour le reste, comme pour sa communication. Elle est importante car elle porte l’image de son entreprise et car c’est un métier bien spécifique qui ne s’improvise pas !
Propos recueillis par Cécile Bernard et Anne-Marie Birac
Pour en savoir plus sur Anne Marie, vous pouvez retrouver l’article la concernant dans la revue Contrôle Essais Mesure, 2020, n°71 : CEM71 – p5455 – AM Roy
Cofrend: Confédération française pour les essais non destructifs
FCE France, association de Femmes chefs d’entreprise
CJD : Centre des jeunes dirigeants