A l’occasion de cette semaine des métiers du nucléaire, il nous est apparu utile de mettre, à nouveau, en lumière le parcours de deux jeunes femmes qui ont figuré au palmarès du Prix Fem’Energia 2023. Elles ont toutes les deux fait le choix d’une reconversion.
Cette même thématique avait déjà fait l’objet d’une actualité parue, il y a deux ans.
Les expériences d’Océane Portrait et d‘Alice Leprevost-Valognes, que vous découvrirez ci-après mettent en évidence les conséquences d’une orientation professionnelle faite par défaut, l’insatisfaction ressentie rapidement lors de la première expérience professionnelle, une certaine part de hasard dans le déclenchement de la décision de rechercher un autre avenir professionnel. Une fois la décision prise, il est indispensable que la question du financement de cette reconversion soit réglée pour qu’elle soit possible.
Océane Portrait est titulaire d’un bac scientifique. Lorsque la question de son orientation professionnelle s’est posée, elle n’a pas donné suite à l’avis de son conseiller d’orientation : « coach sportive » et a pensé que la voie suivie pas sa sœur aînée serait aussi la sienne. Elle a donc préparé, à Rouen, en trois ans une licence de manipulatrice en électroradiologie. Choix qui rétrospectivement a été celui d’une certaine facilité.
Diplômée, elle est embauchée dans une clinique privée à Rouen. Elle se spécialise dans les examens en IRM. Elle y restera un peu plus de trois ans. Elle ne se retrouve pas dans ce métier demandant un travail ressemblant au travail « à la chaine » industrielle, ne laissant parfois pas assez de place à l’attention que requiert certains patients. Le rendement est le mot d’ordre. S’intéressant à l’aspect environnemental, elle demande à suivre une formation de deux jours sur la norme ISO 14001 relative au système de management de l’Environnement, validée par sa hiérarchie. Elle en revient enthousiaste et formule quelques propositions pour améliorer le service, mais on lui répond : « vous avez un bac +3, restez à votre place ». Ce fut probablement la goutte d’eau …
D’autant que le sujet QSE* l’a séduite.
Elle décide alors de reprendre ses études, faute de passerelle possible elle doit envisager un cursus de 3 ans pour obtenir un master ‘Manager de Direction Opérationnelle’ spécialisé dans la qualité et la performance.
Son conjoint la soutient dans ce projet. Elle déménage alors à Cherbourg.
La question du financement de ces études est résolue grâce au contrat en alternance proposé par ORANO, La Hague.
Son diplôme en poche, elle est embauchée par Orano.
Son activité professionnelle correspond à ses attentes, elle intervient pour améliorer la performance au cours de missions en immersion qui lui permettent à partir d’une phase de constat, de proposer un plan d’action dont elle peut suivre la mise en œuvre.
Océane aimerait pouvoir dire à la jeune fille qu’elle était à 16 ans que « tout est possible ».
Océane a découvert WiN France grâce à son manager lors de son alternance qui lui propose d’assister à la convention WiN France en 2022 (qui s’est tenue à Cherbourg). Elle a été primée lors de l’édition 2023 du Prix Fem’Energia; 2ème prix BAC+4/BAC+5.
Désormais, elle partage son expérience et témoigne lors des forums métiers et intervient dans les établissements scolaires.
Alice Leprevost-Valognes est titulaire d’un bac général avec une option comptabilité. Ne sachant pas vers quoi s’orienter et comment satisfaire son goût pour le travail manuel, la seule proposition qui lui était faite : coiffeuse, ne l’attirait vraiment pas. Elle poursuit par un BTS d’économie sociale. Et finalement elle suit une formation de secrétaire médicale rejoignant le secteur d’activité qui lui est familier, les membres de sa famille exerçant une profession médicale
Elle débute sa carrière professionnelle par un emploi au sein de l’hôpital Pasteur à Cherbourg, puis exerce dans un cabinet de médecine générale.
Au bout de trois ans, ne se satisfaisant pas de cette situation, elle découvre à la lecture d’un article paru dans la Presse de la Manche que Pôle Emploi recherche des soudeurs et qu’un programme de formation est ouvert. Pour intégrer ce programme et vérifier l’aptitude des candidats, deux stages de mise en situation d’une semaine chacun sont prévus. Les deux stages sont positifs et confirment à Alice que la soudure l’intéresse. Elle est donc retenue pour cette formation de six mois organisée par l’AFPA et elle bénéficie du soutien financier de la Région, condition indispensable pour qu’elle puisse s’engager. La formation se termine par un mois de stage qu’elle réalise chez Orano, site de La Hague. Repérée par le responsable de l’atelier, avec qui elle a beaucoup appris, elle est embauchée dès la fin de son stage.
Elle exerce son métier sur le site de Valognes. Son travail lui plait. Les réticences de sa famille de la voir exercer dans un milieu masculin sont maintenant loin derrière elle.
A une jeune qui l’interrogerait elle lui dirait simplement : « il faut oser se lancer ».
Elle a remporté le prix Fem’Energia 2023 de la catégorie femmes en activité junior. Elle suit les activités de WiN France, elle ne peut pas pour le moment s’investir et espère le faire dans l’avenir. En effet, son emploi du temps est bien rempli du fait de sa maternité. Alice évoque d’ailleurs les difficultés qu’elle a éprouvées lors de la reprise de son activité après la coupure de 10 mois consécutive à sa grossesse et son congé maternité. Il lui a fallu retrouver « la main » et la précision des gestes ….
Propos recueillis par Anne-Marie Birac
QSE: Qualité Sécurité Environnement
AFPA: Association pour la Formation Professionnelle des Adultes