C’est Emmanuelle Galichet qui, en sa qualité de présidente de WiN France, a remis à Patricia Roussel-Chomaz et prononcé ce discours :
« C’est un immense honneur pour moi de remettre le prix Win France à Patricia Roussel-Chomaz. Patricia est en effet une grande figure de la recherche en physique nucléaire aussi bien en France qu’à l’international.
Après l’Ecole Normale Supérieure, elle poursuit par un doctorat à l’Université Paris XI pendant lequel elle étudiera le potentiel d’interaction noyau/noyau grâce à des réactions nucléaires. Sa thèse s’inscrit dans une longue tradition des physiciens nucléaires auprès des accélérateurs d’ions lourds, qui commença en 1937 avec l’installation du 1er cyclotron d’Europe, au collège de France, par les équipes de Joliot-Curie.
En 1986, elle débute sa carrière au CEA, avec une parenthèse d’une expérience de post-doctorat aux USA à Berkeley. C’est une spécialiste des réactions nucléaires et en particulier des réactions directes avec des faisceaux radioactifs. Elle est devenue au fil des années une véritable experte des accélérateurs d’ions lourds, de leurs potentialités pour explorer l’infiniment petit à l’aide de réactions nucléaires. Elle a fait des expériences auprès des installations expérimentales d’un grand nombre de pays comme Riken au Japon, Triumph à Vancouver, à Dubna en Russie ou encore en Afrique du sud.
Elle a écrit plus de 300 articles qui font d’elle une physicienne reconnue internationalement. Après avoir eu un certain nombre de postes à responsabilité au Ganil, elle choisira en 2012, de poursuivre sa carrière dans des postes à Saclay, au siège du CEA. Elle sera responsable des Très Grandes Infrastructures de Recherche à la Direction de la Recherche Fondamentale du CEA.
Puis de 2016 à 2020, elle deviendra Directrice des Programmes et des Partenariats Publics, toujours à la Direction de la Recherche Fondamentale du CEA.
Depuis le 1er janvier 2022, elleest directrice du GANIL, le grand accélérateur national d’ions lourds basé à Caen. Le GANIL est un grand instrument au service d’une communauté internationale très large de physiciennes et physiciens. C’est également une INB, l’INB113.
Depuis la création du Ganil en 1976, c’est la première fois qu’une femme dirige ce grand instrument. Mais c’est surtout une chercheure qui connait parfaitement l’installation, d’ailleurs je suis sûre qu’elle pourrait se repérer les yeux fermés dans les dédales des zones expérimentales, car elle fit son expérience de thèse en 1984déjà sur cet accélérateur.
Enfin Patricia représente le CEA dans de nombreux comités internationaux et est, depuis 2009, correspondante du Comité Nobel Physique.
Je voulais terminer ce portrait par une note plus personnelle, qui définit tout autant Patricia que sa carrière professionnelle. Elle est maman de deux grands enfants et déjà grand-mère ! Patricia est mariée à Philipe Chomaz, également un grand physicien. Ils se sont rencontrés il y a très longtemps lorsqu’ils étudiaient ensemble en classe CPGE. Philippe est directeur scientifique et des programmes de la direction de la recherche fondamentale du CEA. D’ailleurs ils ont même partagé l’écriture d’un papier ensemble, qui a une belle histoire. Il y a 38 ans, lorsque Patricia est enceinte de Lauriane, leur 1er enfant elle ne peut pas faire trop de voiture. Ils décident alors de rester le weekend au Ganil entre la fin de la préparation de la manip de Patricia et le début de celle-ci le lundi. Comme parfois dans ces conditions, il peut arriver qu’un peu de faisceau soit délivré en avance. Patricia et Philippe l’acceptent et vont enregistrer des données tous seuls, qui vont s’avérer de très belle qualité. Et c’est comme cela qu’ils écriront leur premier papier ensemble.
Il est temps de remettre cette médaille et donc d’accueillir chaleureusement Patricia Roussel-Chomaz ! »