Le 4 novembre dernier, Madame Marlène Schiappa,  secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, organisait une conférence sur le rôle des femmes dans le changement climatique. Premières impactées mais aussi premières actrices de la transition écologique.

Cette conférence a eu lieu dans l’Amphithéâtre Laroque, au Ministère des Solidarités et de la Santé, et visait à expliquer l’impact des évolutions climatiques sur la vie des femmes et l’impact que peuvent avoir ces mêmes femmes sur la transition écologique.

Madame Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la Ministre de la Transition Écologique, a clôturé la conférence.

La conférence a démarré par une introduction de Marlène Schiappa, qui a positionné le sujet abordé. Les femmes font parties des populations les plus vulnérables au monde et sont donc les premières victimes du dérèglement climatique. Pour rappel, 70% des personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour, sont des femmes.  Les femmes  : Premières impactées par le changement climatique et Premières porteuses de solutions concrètes.

Deux tables rondes* ont permis d’expliquer l’impact du changement climatiques sur les femmes et dans quelle mesure elles en sont les premières affectées, de parler des solutions concrètes qu’elles ont mises en oeuvre et enfin, en quoi il est important de cibler les femmes si l’on veut gagner ce combat pour l’équilibre climatique et en quoi il est urgent d’agir : chaque degré supplémentaire compte.

Delphine O, Ambassadrice, secrétaire générale Forum Génération Egalité 2020 a ouvert le débat. Le Forum Génération Égalité est un rassemblement mondial pour l’égalité entre les femmes et les hommes, axé sur la société civile, organisé par ONU Femmes et co-présidé par la France et le Mexique. Les femmes apportent une contribution énorme à l’économie, que ce soit au sein des entreprises, dans les exploitations agricoles, comme entrepreneuses ou employées, ou par leur travail non rémunéré à la maison, où elles s’occupent de leurs familles. Les femmes restent aussi touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la discrimination et l’exploitation.

L’ONU soutient l’autonomisation économique des femmes conformément à ces engagements, et s’appuie sur des données de plus en plus nombreuses montrant que l’égalité des sexes contribue de manière significative au développement économique et durable.

Valérie Masse Delmotte, paléoclimatologue et co-présidente du GIEC et membre du haut conseil pour le climat, poursuit sur l’impact du réchauffement. Le rapport du GIEC a servi de support pour analyser l’impact du réchauffement climatique sur le travail des femmes dans le monde. Depuis la fin du XIXe siècle, les activités humaines ont causé environ 1°C de réchauffement planétaire. Les rejets de gaz à effet de serre émis depuis la période préindustrielle jusqu’à aujourd’hui, vont continuer à provoquer des changements dans le système climatique. Limiter le réchauffement global à 1,5°C implique de réduire les émissions de CO2 d’environ 45% d’ici à 2030 par rapport à 2010.

Les effets du réchauffement sont déjà visibles et mesurables sur les populations les plus défavorisées. La raréfaction des ressources naturelles, l’absence d’accès à une énergie propre impactent directement le temps de travail des femmes, puisque ce sont elles qui assurent les corvées d’eau et de bois, ce qui contribuent à leur précarisation. Les plus âgées ont moins de temps pour exercer des activités rémunérées et les plus jeunes sont mises à contribution au détriment de leur scolarisation… Au Sénégal, par exemple, les femmes passent en moyenne 17,5 heures par semaine à collecter l’eau. Une famille de 5 personnes consomme 100 litres d’eau par jour.

Au-delà de leur impact sur la santé, les inondations, sécheresses et vagues de chaleurs, résultats du changement climatique, contribuent à la contamination de l’eau et à la propagation des maladies. Cela entraîne une augmentation du nombre de maladies et d’épidémies, et donc alourdit encore la charge des femmes puisque le soin des malades incombe également aux femmes.

De par leur position dans l’échelle sociale, les tâches qui leur sont attribuées, les discriminations dont elles souffrent et leur niveau de pauvreté, les femmes sont affectées différemment et plus sévèrement que les hommes par le changement climatique. Elles n’ont pas accès à l’information, accès aux nouvelles technologies et aux nouveaux modes d’énergie, ce qui limitent leur capacité d’adaptation. De plus, les catastrophes, résultats de ces évolutions climatiques, entraînent une multiplication des cas de violence à l’égard des femmes et des filles : violence domestique, harcèlement, viols et traite de personnes.

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la production alimentaire résulte pour 60 à 80% du travail des femmes dans les pays en voie de développement. Leur accès à la terre est cependant restreint et précaire : elles en sont rarement propriétaires et se voient souvent attribuer la culture de terres de mauvaise qualité. Pourtant, ces mêmes femmes sont les premières actrices de changements et de mobilisations communautaires incontournables pour aborder les changements climatiques.

Fanny BENEDETTI, Directrice exécutive ONU-Femme France, explique les principales missions d’ONU Femmes : lutter pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Le réchauffement climatique a dors et déjà des effets sur les mariages forcés. « Selon les estimations de l’ONU, environ 1,5 million de filles risquent de se marier en raison d’événements liés au changement climatique dans le pays. C’est énorme. » Les événements extrêmes liés au changement climatique poussent en effet de plus en plus de familles à sacrifier une ou plusieurs filles, car elles ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins. https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/femmes-et-climat-quels-liens

Un des problèmes pour passer de la prise de conscience à l’action et au financement, réside notamment dans le manque de données précises sur les conséquences du réchauffement climatique sur les femmes. « Si on veut convaincre les décideurs il ne faut pas seulement mettre en avant l’aspect moral, mais leur montrer, sur des données solides qu’il y a un réel enjeu économique et social ».

Aujourd’hui, 60 à 80 % de la production agricole dans les pays en développement reposent sur les femmes, qui ne touchent que 10 % des revenus générés.

Mais les femmes ne sont pas que des victimes, elles sont surtout les agents du changement en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Dans une grande partie du monde, elles ont un rôle prépondérant dans la gestion des ressources naturelles et sont les premières sensibilisées à la dégradation de l’environnement. Leurs initiatives sont nombreuses, en particulier dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des déchets et du reboisement. De Pondichéry (Inde), où des groupes de femmes auto-gèrent une station de compostage, en passant par Cotonou (Bénin) où les « Gohotos » récupèrent les objets recyclables, jusqu’à Pintada (Brésil) où les habitantes apprennent à adapter leurs systèmes agricoles à la sécheresse, les femmes s’imposent comme des acteurs incontournables de la lutte contre le réchauffement.(lire la suite).

Pour une gestion plus équitable et durable des ressources naturelles, notamment forestières, la participation de l’ensemble de la communauté serait idéalement requise ; les femmes sont très souvent exclues des processus de prise de décisions. L’autonomisation des filles et des femmes, ainsi que la reconnaissance de l’universalité de leurs droits fondamentaux est une condition essentielle – si ce n’est la première – au développement durable de la planète.

Un meilleur accès à l’emploi des femmes apporterait un gain de 5800 milliards d’euros à l’économie mondiale.

Nadia Armogathe et Patricia Schindler, présentes au titre de WiN France, ont regretté l’absence de question à la fin des deux tables rondes, qui auraient permis d’ouvrir le débat.

Retour sur les 2 tables rondes :

  • « Les femmes, premières impactées par le changement climatique ? » en présence de Delphine O, ambassadrice et secrétaire générale Forum Génération Égalité 2020, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, Co-présidente du GIEC et membre du Haut Conseil pour le Climat, Fanny Benedetti, directrice exécutive d’ONU Femmes, Isabelle Germain, fondatrice de « Les Nouvelles News » et Coralie Miller, autrice, documentariste et metteuse en scène.
  • « Les femmes, premières actrices de la transition écologique » en présence de : François de Rugy, député, Amy Baker, ambassadrice adjointe du Canada en France, Sébastien Lyon, directeur UNICEF France, Marie Donzel, directrice associée d’AlterNego et écrivaine, et Véronique Moreira, présidente de WECF.
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