A l’heure du lancement de l’édition 2021 du Prix Fem’Energia nous vous proposons de découvrir le beau parcours de Julia Cantel, lauréate 2020, catégorie femme en activité en Europe.
Julia, ingénieure EDF, fait actuellement partie de l’équipe du projet d’Hinkley Point C, mené par EDF au Royaume Uni, elle travaille plus particulièrement sur la prise en compte de la réglementation britannique dans le référentiel de sûreté. Elle s’est installée à Bristol à l’été 2019, elle y est confinée depuis une année avec ses trois enfants et son mari Jean-François, également ingénieur EDF.
En 2020, encouragée par son mari, Julia a candidaté au prix Fem’Energia dans la catégorie « Femme en activité en Europe ». Elle a remporté le premier prix.
Ce fut l’occasion pour elle de réfléchir et d’analyser son parcours.
Scolarisée dans un collège d’une Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP) de la banlieue Est, elle a eu la chance de rencontrer des professeurs qui ont cru en elle et l’ont encouragée à poursuivre son rêve d’études supérieures. Julia pensait que ce n’était pas pour elle. En seconde, le choix de l’option « Physique et Chimie de Laboratoire », lui permet de rejoindre un lycée en dehors de la ZEP. L’adaptation est difficile : niveau de l’enseignement, les codes vestimentaires, le langage, etc. Mais elle y découvre un environnement de travail calme et un cadre agréable : « il y avait de la pelouse dans la cour ». La marche était trop haute et Julia a dû renoncer au bac S. En terminale, elle s’oriente vers un BTS esthétique et cosmétique, mais son professeur principal lui conseille d’intégrer une classe préparatoires spécialisée pour les Sciences et Technologies de Laboratoire chimie (STL). Le bac en poche, elle rejoint une prépa à Montpellier qui lui ouvre les portes de l’école de Chimie de Rennes, puis de Chimie Paris. Une success story qui lui a permis de rencontrer son mari, devenu son premier supporteur.
Julia est passionnée par son métier d’ingénieur et par l’énergie nucléaire, cette passion trouve son origine dans un projet sur l’électrocoagulation des sels d’uranyle, les stages se sont succédé lui permettant de découvrir différents aspects du nucléaire : mines d’uranium du Colorado aux USA, démantèlement du réacteur BR3 en Belgique, unité d’incération des déchets à Centraco à Marcoule.
En 2010, embauchée par EDF à Marseille (CIPN, devenu DIPDE), elle rembourse son prêt étudiant, elle y reste 5 ans au service sûreté nucléaire avant de rejoindre en tant que manager l’équipe QSRE (Qualité Sécurité Radioprotection Environnement) de l’équipe commune de la centrale nucléaire de Gravelines, et en 2019 elle franchit la Manche avec toute la famille (Jules 4 ans, Eléonore 2 ans et Agathe 3 mois) dans une nouvelle aventure.
Julia et Jean-François partagent le même désir de transmettre leurs connaissances et leur passion. Ils se sont rencontrés à l’âge de 20 ans à Chimie Rennes et ont réalisé les mêmes stages, les mêmes projets scolaires, ont été embauchés la même semaine chez EDF en 2010 et ont toujours mutés ensemble. Ils préparent ensemble des conférences destinées aux étudiant afin de les sensibiliser à l’intérêt de l’énergie nucléaire dans le contexte du changement climatique.
Julia a un autre projet en tête : elle aimerait pouvoir, grâce à l’argent du prix FEM ’Energia, apporter son soutien à des jeunes filles de ZEP de son ancien collège, en leur proposant un stage de troisième, afin de leur faire découvrir les métiers scientifiques et techniques qui pourraient leur paraître inaccessibles.
Propos recueillis par Andrea Bachrata et Anne Marie Birac