Emmanuelle Galichet nous alerte à la fois sur la diminution inquiétante de la place des matières scientifiques dans les cursus scolaires et universitaires et de la désaffection grandissante des filles pour ces mêmes matières.
« A l’heure d’une toujours plus grande technologisation de la vie quotidienne et d’une volonté de la puissance publique d’une réindustrialisation massive des territoires, nous assistons impuissants à une diminution drastique du niveau scientifique de nos enfants et à des contenus des programmes mal adaptés aux ambitions de notre pays.
Pourtant augmenter largement le niveau d’instruction en sciences et en technologie pour toutes et tous devrait être la mission principale du système de formation. Cet objectif devrait être une priorité pour la formation de celles et ceux, qui aujourd’hui et demain devront améliorer les outils et procédés industriels, inventer l’industrie du futur, avec des exigences de plus en plus contraignantes.
Aujourd’hui, force est de constater que nos enfants n’ont plus les moyens de découvrir et de s’épanouir au contact de la science et de la technique, tout au long de leur parcours de formation. La baisse du niveau en mathématiques et par voie de conséquence celui dans toutes les sciences est de nature à freiner le progrès et la capacité d’innovation des entreprises, en plus de diminuer la capacité de tout un chacun de réfléchir.
Nous savons tous que déjà aujourd’hui les industriels vont chercher à l’étranger les compétences qu’ils ne trouvent plus en France et que certains délocalisent leur activité. Il est temps de se ressaisir et de réfléchir à réorganiser rapidement le système éducatif.
Pour vous en convaincre quelques exemples :
– l’enseignement de physique chimie est de 1h30 au collège en classe de 5ème, 4ème et 3ème ;
– la réforme du bac général en 2019 a fait chuter le nombre de bacheliers scientifiques à 27% (alors qu’il avait toujours été à 50% environ depuis les années 60) (voir publication de Mélanie Guenais ) ;
– la réforme des DUT/BUT a engendré une diminution de plus de 500h de cours ;
– en classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) MPSI, la géométrie n’est plus au programme depuis la réforme de 2013, pour être remplacer par les probabilités. Elle est pourtant nécessaire pour un grand nombre de domaines de la physique et de la chimie.
Je finirais en appuyant sur la situation dramatique du choix des jeunes filles. Si la mixité est à peu près suivie en classe de terminale (56% de filles ont le bac général en 2022 et 42% un bac professionnel), en regardant de plus près, les différences dans les choix des spécialités sont riches de sens. En bac général, 85% de filles choisissent les spécialités humanités/littérature et 10% les maths/informatique. En bac technologique, 8% de filles vont en spécialité STI2D et 85% en spécialité santé et social. En bac professionnel les spécialités comme énergie, génie climatique ou électricité, électronique n’attirent que 1 ou 2% de filles alors que la spécialité coiffure-esthétique 99%. »