A l’occasion de la nomination de Dominique Mouillot en tant que Présidente de WiN Global, Andréa Bachrata nous dresse le portrait de cette femme formidable.
« Dominique Mouillot a récemment été élue Présidente de WiN Global. Une très belle reconnaissance de son engagement international pour les femmes. La liste des prix et des distinctions qu’elle a reçus témoignent de sa forte implication dans l’industrie et de son engagement auprès des femmes. Son curriculum vitae est un bel exemple de réussite et de persévérance pour toutes et tous. Elle a toujours été un manager de premier plan et a fait une carrière de manager de grands groupes industriels.
Dominique est une bâtisseuse, elle aime créer, former et transmettre. C’est une femme inspirante et un exemple remarquable de réussite pas seulement pour les femmes. Elle nous parle aujourd’hui de son parcours, sa motivation et ses objectifs en tant que Présidente de WiN Global.
Vous avez relativement tôt dans votre carrière abandonné votre poste d’ingénieur chercheur du CEA pour des postes de management de grands groupes industriels, quelles étaient vos motivations ?
J’ai commencé ma carrière comme ingénieur chercheur au CEA, à Fontenay aux Roses et j’ai ainsi eu l’occasion de découvrir deux sujets de recherche passionnants, l’envoi des déchets transuraniens dans l’espace et les stimulateurs cardiaques à pile nucléaire. Le suivi de ces projets a été l’élément déclencheur de ma passion, je me suis rendue compte que cela m’intéressait beaucoup plus que faire de la recherche dans un laboratoire. J’ai donc candidaté dans un groupe américain, spécialisé en radioprotection et mesures nucléaires et j’ai été retenue. C’était assez étonnant à l’époque pour une jeune femme de 27 ans, d’être recrutée par un groupe américain pour lancer sur le marché français de nouveaux systèmes de mesures pour la radioprotection. J’avais une formation d’ingénieur chimiste, il fallait tout créer et je me suis ainsi complètement investie et reconvertie dans ce domaine très technique. Là, j’ai réalisé que j’étais une bâtisseuse, j’aimais, créer, bâtir. J’ai compris que la création, la stratégie, le management et le développement m’attiraient davantage.
Pourquoi êtes-vous restée investie dans l’industrie nucléaire, en choisissant les groupes que vous dirigez (y compris le poste actuel de Vice-Présidente du Groupe GDES en France)?
J’ai régulièrement eu les opportunités de progresser et de continuer à développer mes compétences, car le secteur nucléaire est un secteur en continuel mouvement. C’est à la fois un domaine très traditionnel, mais un secteur qui continue sans cesse à évoluer, et qui se remet régulièrement en question. Je ne me suis jamais lassée de ce secteur à l’intérieur duquel j’ai pu continuer à progresser. Ensuite, ma valeur ajoutée c’est ma grande expérience de l’industrie nucléaire et c’est ce qui a toujours intéressé les entreprises dans lesquelles je suis entrée. L’industrie nucléaire est une industrie passionnante, durable qui est une source d’énergie fiable, décarbonée et relevant de technologies de pointe.
Vous vous impliquez depuis des années dans le réseau WiN ; au niveau régional, national, européen et maintenant mondial. Qu’est ce que cela représente pour vous ?
A partir du moment où l’on a trouvé sa voie, que l’on y fait carrière et qu’on réussit, il faut transmettre, donner, c’est important de se tourner vers l’extérieur, pour partager ce capital acquis. Il faut en faire profiter les autres et s’investir dans les causes qui vous paraissent importantes et justes. Je me suis ainsi investie entre autre, au côté des Femmes de l’économie, et du Rotary Club, pour mettre en valeur les jeunes entrepreneurs et aider les plus jeunes à trouver des emplois. Dans le cadre de WiN, je trouve important de s’investir auprès d’associations qui peuvent contribuer à faire évoluer notre domaine nucléaire. Nos métiers ont la chance d’être ouverts aux hommes et aux femmes, sauf que les femmes ne sont pas assez présentes. Les femmes doivent avoir de l’audace et on doit pouvoir entendre et écouter leurs voix. Il faut qu’elles prennent confiance en elles. Il y a maintenant des nombreux réseaux de femmes qui sont là pour les mettre en lumière, pour les accompagner, pour les aider et moi je fais partie de WiN pour cette raison. L’association WiN me permet de contribuer à la féminisation des métiers de notre industrie, d’accompagner des femmes, de les encourager, de mettre en lumière leurs compétences.
Vous allez bientôt présenter votre programme officiel en tant que Présidente de WiN Global. Mais pourriez-vous nous annoncer déjà quelques grands objectifs que vous souhaitez mettre en avant ?
WiN Global est devenue une association internationale tellement importante qu’il s’est avéré nécessaire de créer des régions par continent du monde (l’Amérique du sud et du nord, l’Afrique, l’Europe, et l’Asie) pour agir au plus près des adhérentes. C’est en cours et je poursuivrai cette stratégie.
Mon programme sera aussi basé sur :
- La mise en visibilité de l’association WiN Global car nous sommes uniques au monde ;
- La mise en place de partenariats stratégiques publics et privés ;
- Le développement d’une équipe de « jeunes » : Young Women in Nuclear ;
- Une communication active.
Vous êtes une femme inspirante pour nous autres femmes, vous êtes pleine d’énergie et d’enthousiasme. Où trouvez- vous la force et la motivation pour relever les défis quotidiens ?
Je trouve l’énergie dans mes convictions, auprès de mes collaborateurs, auprès de toutes les femmes formidables que je rencontre et dans l’idée que l’on peut toujours faire avancer les choses à sa mesure.
Derrière chaque grand homme il y a une femme. Est-ce que l’inverse de cet adage est aussi vrai d’après vous ? Est-ce que votre mari et votre fils supportent votre carrière ?
Mon mari m’a toujours soutenue et il n’a jamais mis de barrière à mon métier, à mes absences, à mes horaires et déplacements. Il travaille dans un domaine sportif et nous avons une passion commune, celle des chevaux. Mon fils a retenu et compris que je travaille beaucoup mais il va probablement orienter sa carrière vers un autre métier. Et oui, je dirais que pour réussir dans notre choix de métier en tant que femme il faut un équilibre familial et une harmonie. Il ne faut pas exercer son métier en culpabilisant vis-à-vis de sa famille. »