
A l’occasion de la « Journée internationale des femmes et des filles de Science » Mme Martine VASSAL Présidente du Conseil Départemental des Bouches du Rhône, et Mme Hélène GENTE-CEAGLIO Conseillère départementale déléguée à la lutte contre les discriminations et les violences faites aux femmes et aux enfants, invitaient le 5 février 2025, les responsables des associations WiN France, le nucléaire au féminin, Femmes&Sciences, les DesCodeuses, et les petits Débrouillards à participer à une journée dédiée aux sciences et techniques aux Archives Départementales à Marseille.
Cette journée était organisée par la Maison des luttes contre les Discriminations (MDLD).
Pour Patricia Schindler, Présidente WiN Provence, c’était également le démarrage de la semaine des métiers du nucléaire.
La matinée fut dédiée à une conférence sur « l’impact des stéréotypes de genre sur l’orientation et la carrière des femmes » par Isabelle Régnier, Professeure des universités en psychologie sociale, Responsable de l’équipe « Cognition et Neurosciences Sociales », Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences UMR CNRS. Ce fut un plaisir de voir l’évolution de son sujet d’études et de prendre conscience du chemin parcouru au fil des années. En Janvier 2020, elle a été nommée Vice-Présidente à l’Égalité Femmes-Hommes et Lutte contre les Discriminations pour Aix Marseille Université . Une de ses missions est de proposer les mesures permettant de conduire à l’égalité de traitement et de chances entre les femmes et les hommes sur tous les aspects de leurs carrières et sur la composition équilibrée entre les deux sexes de toutes les filières pour les étudiants.
Les travaux de Isabelle Régner portent sur la régulation sociale des fonctionnements cognitifs en laboratoire et en site naturel (académique et clinique). Elle étudie l’effet des stéréotypes sociaux sur les performances et les évaluations dans différents domaines de compétences (mathématiques, lecture, mémoire) et auprès de différentes populations (enfants, jeunes adultes, adultes dyslexiques, comités de sélection, personnes âgées, patients en phase prodromale de la maladie d’Alzheimer). Ses recherches ont permis de comprendre comment ces stéréotypes sont de nature, d’une part, à influencer négativement les performances des étudiants et leurs choix d’orientation, et d’autre part à générer des processus subtils de discrimination en impactant les décisions des évaluateurs et des évaluatrices au moment des recrutements et des promotions. Ses recherches nous renseignent également sur les actions qu’il faudrait mettre en œuvre et les conditions de leur efficacité.
L’après-midi une table ronde animée par Farida BOUZID, responsable de la MDLD, nous a permis de débattre sur « femmes et filles en sciences, comment agir ? »
S’il parait crucial de combler le fossé entre les hommes et les femmes dans le domaine des sciences, et il faut pour cela briser les stéréotypes, et promouvoir des modèles qui puissent servir d’inspiration aux filles, ainsi que soutenir l’avancement des femmes à travers des programmes ciblés et favoriser des environnements inclusifs.
Notre groupe d’invitées a tenté de répondre à ces questions primordiales. Chaque invitée a apporté son retour d’expérience professionnel, personnel et familial, et à tenter de déconstruire les idées reçus sur nos métiers.
Intervenaient :
Elodie THAUVIN, coordinatrice de Projets PACA de l’association DesCodeuses, la première communauté d’apprentissage qui allie sensibilisation, formation technique et insertion professionnelle. Le parcours professionnelle de Elodie témoigne de sa polyvalence, de sa capacité à s’adapter rapidement à de nouveaux défis. Après un diplôme de Concepteur Designer Graphique, elle travaille sur une diversité de projets, allant de la conception de supports de communication et de promotion. Une très belle opportunité change radicalement le cours de ma carrière, l’amenant vers le domaine de la formation professionnelle, en tant qu’assistante, puis coordinatrice dans les métiers du numérique. Aujourd’hui, elle continue d’évoluer dans le domaine de la formation, en apportant son à l’association DesCodeuses. Cette association française travaille à développer l’inclusion numérique des femmes issues de quartiers prioritaires. Elle initie et forme gratuitement ces femmes à la programmation et au code.
Patricia SCHINDLER, initialement ingénieur en métallurgie via le CNAM, après un passage en expertise métallurgique, elle a travaillé dans différents domaines mêlant corrosion-déposition-érosion en milieu liquide haute température. Elle est ainsi reconnue et nommée experte dans ce domaine. Elle est toujours surprise de son parcours d’ingénieure-chercheure dans le milieu dit nucléaire, qui lui a permis de ne jamais s’ennuyer dans ce secteur passionnant. En tant que Présidente de WIN Provence, elle a rappelé les objectifs de l’association qui, développe la mixité, source de performance et d’innovation, en donnant envie aux jeunes filles de rejoindre ce domaine scientifique et technique passionnant, fait connaître au grand public l’intérêt de toutes les applications du nucléaire, et tout particulièrement en tant que source d’énergie bas carbone, et favorise le partage entre réseaux de femmes par des actions concrètes comme le mentorat.
Caroline CHAMPENOIS, Directrice de recherche au CNRS en physique quantique et co-coordinatrice en région PACA de l’association Femmes & Sciences, qui promeut les femmes scientifiques, incite les jeunes et particulièrement les filles, à s’engager dans des carrières scientifiques et constitue un réseau d’entraide. Caroline Champenois est physicienne expérimentatrice. Issue d’un milieu rural, excellente élève, rien autour d’elle ne la prédisposait à cette passion pour les atomes et la recherche. Elle a tout simplement suivi les études qui s’offraient à elle.
Magali TOURNUS, est Maitre de conférence en Mathématiques appliquées à Centrale Méditerranée où elle donne des cours et poursuit ses recherches à l’Institut Mathématiques de Marseille (I2M). Elle a toujours été passionnée par les maths, ceci depuis son plus jeune âge. Elle est membre de l’association Femmes & Sciences et fait partie des portraits de l’exposition les sciences XXelles. Elle travaille entre autre sur les maladies dégénératives (alzheimer,parkinson, maladie à prion). Ces travaux font intervenir des outils de pointe en analyse mathématique et ont permis de montrer que les fibres provoquant des pathologies sont beaucoup plus fragiles mécaniquement et se cassent plus facilement que les autres fibres. Enthousiaste, elle explique que l’utilisation des maths dans ces domaines de santé est peu connue. Les maths ouvrent tellement de possibilités.
Delphine GRAS, chargée de recherche INSERM au sein de l’équipe émergente “L’épithélium bronchique dans les maladies respiratoires chroniques sévères” du Centre de Recherche en Cardiovasculaire et Nutrition est membre du conseil d’administration de l’association Les Petits Débrouillards . Une association qui démontre que la science n’est pas réservée aux seuls spécialistes et qu’elle est omniprésente dans notre vie quotidienne. Elle fait partie des portraits la Science XXelles, également.
Les 5 profils présentés ont appelé de nombreuses questions sur la place de la mixité diversité dans nos entreprises. Le public a découvert des parcours différents, riches, et passionnants. Si pour certaines être scientifiques étaient le chemin à suivre, pour d’autres les tours et détours ont révélé le parcours qui allait devenir prépondérant. Un lien les uni, toutes ces femmes ont su s’engager auprès d’associations pour transmettre et aider.
L’exposition « la science taille XXL » venait illustrer et déconstruire l’image des scientifiques avec un large panel de portraits de femmes de la recherche et un atelier « Penser une reconversion dans la Tech » dédié aux femmes en insertion, venait compléter cette journée et ouvrir le champ des possibles.